L’art au quotidien, l’art pour tous, ou comment partager l’art avec les personnes qui n’y ont pas accès?
Résumé de mon intervention en tribune au colloque de Cerisy, juin 2007, pour Prospective (9) :
Développements durables : nouvelles voix, nouveaux passages.
« L’avenir du théâtre appartient à ceux qui n’y vont pas encore« : c’est le credo de Pierre Debauche, grand homme de théâtre avec qui nous avons créé en 1994 à Agen un théâtre quotidien de création qui fonctionne toujours, le Théâtre du Jour. Depuis cette expérience fondatrice, je cherche non seulement à porter, mais vraiment à partager l’art, avec les personnes qui n’y ont pas accès, et ce à différentes échelles:
– un groupe d’usagers de la psychiatrie, qui travaillent en dehors de l’hôpital pour monter des spectacles que nous présentons dans différents lieux;
– les quartiers défavorisés de Marseille: « Migration Blues », une série de 5 spectacles sur 2 ans à partir d’interviews des habitants, joués directement dans les quartiers, puis dans un théâtre;
– la ville de Marseille et l’ensemble de sa population: « la Massalia », une série de spectacles de rue festifs réalisés durant quatre ans par les marseillais pour les marseillais (2000 participants amateurs et 300000 spectateurs à chaque édition…).
– le pourtour méditerranéen: « Les ports de la Méditerranée » un laboratoire de formation, qui a duré 5 ans, destinés à de jeunes acteurs méditerranéens originaires de pays où faire du théâtre reste problématique.
Une des conditions essentielles de l’existence et du succès de tous ces projets est de les inscrire dans la durée, ce qui, hélas, est de plus en plus difficile. Alors, comment faire pour soutenir la durabilité de ce type de création artistique qui vise un développement harmonieux des personnes et des territoires?
Avec les femmes des quartiers
« princesse, oui, mais comme je veux ! » création 2017
Depuis 2010, avec Wilma Lévy de la Compagnie des Passages, nous faisons du théâtre avec un groupe de femmes issues du 3e arrondissement de Marseille (le plus pauvre de France…) :
Comment le théâtre peut permettre à ces femmes, souvent dans des situations familiales étouffantes, de parler, de se livrer, de prendre de la distance sur ce qu’elles vivent par le biais du théâtre et de l’imaginaire ?
On propose des sujets, puis on travaille à partir de leurs témoignages que nous mettons en forme. L’apprentissage par cœur n’est pas souhaité, le spectacle qu’elles présentent au Parvis des Arts se construit donc beaucoup à partir d’improvisations. Au fil des années, ces femmes ont eu envie de spectacles moins liés à leur vie, et de sujet plus variés et de pur divertissement !
Les sujets qui ont été abordés :
2010-2011 : la cuisine,
2011-2012 : la famille a travers la fratrie,
2012-2013 : les transformations urbaines du quartier,
2013-2014 : l’éducation « au doigt et à l’oeil ! »,
2014-2015 : « Et l’amour! »,
2015-2016 : les langues dans le « Salon Babel »,
2016-2017 : « Princesse, oui, mais comme je veux ! »
voir aussi mon interview (IN ENGLISH) à la télévision suédoise en 2009, avec le président du Parlement Culturel Européen :